Jérôme naît à Prague entre 1365 et 1379 dans une famille aisée. En 1398, après avoir obtenu son diplôme de bachelier à la faculté des arts de l’université Charles de Prague, il voyage en Europe, avant de revenir à Prague. À cette époque, les idées du pré-réformateur John Wyclif (vers 1328-1384) sont déjà largement répandues en Bohême et dans toute l’Europe centrale. On peut les résumer en trois principes :
- la hiérarchie ecclésiastique : la véritable Église est l’Église invisible des chrétiens en état de grâce,
- la Bible est l’autorité suprême,
- les indulgences sont inefficaces : c’est Dieu seul qui pardonne.
En 1402, Jérôme part pour l’Angleterre : à Oxford, il copie des œuvres du pré-réformateur, auteur d’une somme théologique dans laquelle il proclame que la Bible est l’autorité suprême et conteste les indulgences. Jérôme traduit en langue tchèque une partie des œuvres de Wyclif.
Après l’Angleterre, Jérôme va à Jérusalem puis à Paris, où il obtient sa maîtrise à la faculté des arts de l’université puis y enseigne ; il va ensuite à Cologne et à Heidelberg où il obtient encore une maîtrise de l’université de chacune de ces deux villes.
Au cours de tous ses séjours, Jérôme suscite des inimitiés survenues après des disputes où, défenseur du réalisme philosophique, il s’oppose au nominalisme, selon lequel les concepts ne sont que des constructions humaines. Ses idées lui valent d’être suspendu d’enseignement.
Il rentre à Prague en 1407 et y fait reconnaître ses trois maîtrises. En 1410, il prononce un discours sur les idées philosophiques – et non théologiques – de Wyclif. Une bulle du pape condamne les idées de Wyclif et Jérôme est accusé de les défendre. Il est emprisonné à Vienne et s’évade. Revenu à Prague, Jérôme se lie d’amitié avec Jan Hus qu’il défend. Il plaide pour une messe en tchèque. En 1413, Jérôme voyage en Pologne et en Lituanie et doit se rétracter sur une partie de ses écrits sur Wyclif.
Condamnation par le concile de Constance
Alors que l’Église a trois papes, le roi des Romains, futur empereur germanique Sigismond Ier, intervient pour mettre fin au grand schisme d’Occident (1378-1417). Il impose au pape Jean XXIII, considéré ultérieurement comme antipape, de réunir le concile œcuménique de Constance (1414-1418).
Il s’agit aussi de faire le procès inquisitorial posthume pour hérésie de Wyclif et ceux de ses disciples vivants. Le concile utilise ces procès comme argument pour affirmer sa propre légitimité – supérieure à celle du pape qui agirait seul – et pour déposer Jean XXIII, lequel avait fui le concile, et élire un nouveau pape, Martin V.
Lorsque Jan Hus part pour Constance en 1414, muni d’un sauf-conduit de l’empereur, Jérôme lui promet de venir l’aider, si nécessaire. Lorsque Jérôme arrive à Constance, sans sauf-conduit, ses amis le convainquent de rentrer en Bohême car il ne peut rien pour son ami et il est lui-même en danger. Mais il est arrêté sur son trajet de retour et mis en prison où il tombe gravement malade. Très affaibli, Jérôme se désolidarise de Wyclif – dont le concile a décidé que les œuvres doivent être brûlées et les ossements déterrés et dispersés – et de Jan Hus qui a été brûlé vif. Jérôme n’est pas relâché pour autant .
Lors de son procès en 1416, Jérôme renonce à son abjuration. Il obtient avec difficulté le droit de plaider sa cause mais il est condamné comme hérétique et relaps et, lui aussi, livré au pouvoir séculier pour être brûlé vif. Il meurt en chantant et en prononçant ses dernières paroles « cette âme en flammes, je l’offre à Toi, Christ ».
Il est considéré comme un héros de la foi par les hussites. En tant que défenseur des idées des partisans de la réforme de l’Église, il a sa place parmi les pré-réformateurs.
Un monument commémoratif est érigé à Constance, à l’emplacement du bûcher de Jérôme de Prague : une grosse pierre portant une inscription à son nom.