Dès le début du XVIe siècle
Entamée au début du XVIe siècle, la lutte entre Français et Espagnols pour la suprématie en Europe occidentale se poursuit jusqu’en 1559. La France, affaiblie après la défaite de Saint- Quentin en 1557 et Gravelines en 1558 signe le traité de Cateau-Cambrésis le 3 avril 1559. Signé avec l’Espagne, ce traité met fin à l’aventure italienne. La France doit rendre au duc Emmanuel-Philibert de Savoie, alors allié de l’Espagne, les dernières places du Piémont, du Charolais, du Bugey et de la Bresse. Il doit également renoncer à ses prétentions sur la Franche-Comté. Élisabeth, la fille d’Henri II est mariée à Philippe II et Marguerite la sœur du roi au duc de Savoie. Le traité marque également l’accord des deux puissances face à l’hérésie.
La partie anglaise du traité avec la jeune reine Élisabeth Ière règle le problème de Calais, qui reste français en échange d’une énorme somme d’argent.
La guerre avec l’Espagne
L’Espagne de Philippe II, est devenue la première puissance d’Europe. Pour Philippe II, l’essentiel est de rétablir sa souveraineté sur l’ensemble des Pays- Bas et de détruire la puissance navale des Anglais, qui menacent ses possessions à Saint Domingue, Cuba et les Açores.
Dans les Pays-Bas, partie de l’empire espagnol, passée au protestantisme, la répression (plus de 1 300 exécutions entre 1523 et 1566) entraîne la révolte de la population, les opposants étant traités de « gueux ». L’accentuation de la répression, ordonnée par Philippe II et exécutée par le duc d’Albe à partir de 1567 déclenche l’indignation : un tribunal spécial, le conseil des troubles, prononce un millier de condamnations à mort et onze bannissements. Il s’en prend à l’aristocratie, fait exécuter les comtes d’Egmont et de Hornes, deux nobles catholiques partisans de la tolérance. Le prince d’Orange, Guillaume de Nassau, converti au protestantisme, passe en 1568 un accord d’entraide avec Henri de Condé et Gaspard de Coligny. Il participe aux combats en France, et son frère Louis de Nassau, calviniste convaincu, assiste au synode de La Rochelle en 1571. Gaspard de Coligny essaie de convaincre Catherine de Médicis de soutenir les rebelles, mais devant l’importance des armées espagnoles (dont la flotte a emporté la bataille de Lépante contre les Turcs, le 7 octobre 1571) la régente repousse ces conseils.
Grâce à l’or et l’argent venus des conquêtes américaines, la puissance financière de l’Espagne est considérable. Elle lui permet d’acheter la complicité des princes, de payer des armées, d’entretenir un réseau d’agents et d’espions qui sont très actifs auprès des ligueurs. Le duc Henri de Guise, fortement endetté, touche d’importantes sommes d’argent.
En effet, Philippe II s’inquiète des relations qu’Henri III entretient avec les rebelles des Pays-Bas. Cambrai, dont le seigneur est le roi d’Espagne, est annexé à la France par un arrêté du parlement début 1585. Par le traité de Joinville (17 janvier 1585), Philippe II accepte de défendre les prétentions du cardinal de Bourbon au trône de France et de financer son parti à hauteur de 600 000 écus. En échange, les ligueurs promettent d’éradiquer le protestantisme, de faire appliquer dans le royaume les décrets du Concile de Trente et de soutenir le combat des Espagnols aux Pays-Bas. Philippe II favorise l’élection du pape Sixte-Quint en septembre 1585, qui condamne aussitôt Henri de Navarre, l’excluant de la succession à la couronne.
Pendant le siège de Paris, les envoyés espagnols entretiennent le moral des défenseurs. L’armée d’Alexandre Farnèse dégage provisoirement le siège en août 1590, puis ses troupes remontent vers les Flandres. Les renforts espagnols soutiennent le duc de Mercoeur maître de la Bretagne, et le duc de Joyeuse en Provence. Toutes les provinces périphériques, la Savoie et la Lorraine, sont gagnées par l’or espagnol, favorisant les risques de sécession.
Aux états généraux de la Ligue en janvier 1593, les Espagnols proposent l’élection de l’infante Isabelle, fille de Philippe II et d’Élisabeth de Valois, petite fille d’Henri II et de Catherine de Médicis. En échange, ils promettent au duc de Mayenne, lieutenant général de la Ligue, la Bourgogne et la Picardie. La proposition est rejetée.
C’est encore le duc de Mercœur qui, grâce au soutien espagnol, continue à s’opposer à Henri IV. Il passe avec Philippe II plusieurs traités reconnaissant l’infante Isabelle comme reine de France.
La guerre avec l’Angleterre
De son côté, l’Angleterre est très attentive à ce qui se passe en France. Elle craint que les Espagnols utilisent les ports des Pays-Bas pour diriger des attaques contre les ports anglais. Elle redoute que la flotte espagnole menace sa supériorité navale, voire même son territoire (comme l’avait fait l’Invincible Armada). Conquise à la Réforme, elle aide, dès la première guerre de Religion, le parti huguenot par l’envoi d’argent et de troupes. Par le traité d’Hampton-Court, le 20 septembre 1562 elle promet une aide militaire et financière, Henri de Condé accepte de lui livrer un port sur la Manche. Un corps expéditionnaire de 6 000 soldats débarque au Havre. Henri de Condé et Gaspard de Coligny, au cours de la troisième guerre de Religion, signent en août 1568 une nouvelle alliance avec Élisabeth 1ère qui finance l’expédition du comte palatin Wolfgang, duc de Deux-Ponts, en Bourgogne au printemps de 1569.
La guerre avec les principautés allemandes
Les princes calvinistes d’Allemagne vont intervenir. Henri de Condé obtient le soutien du landgrave Philippe de Hesse. Un autre calviniste, le comte palatin Frédéric III, luthérien passé au calvinisme, participe aux luttes des protestants. Au cours de la deuxième guerre de Religion, il envoie en France, à travers la Lorraine, près de 10 000 reîtres. Son fils, Jean-Casimir, calviniste convaincu, entre en 1576 en France, avec 4 000 cavaliers. Ses troupes font jonction avec celles du duc d’Alençon.
Enfin, des mercenaires de toute l’Europe sont recrutés : Anglais, Allemands et « Albanais », pour les protestants, Italiens et Espagnols pour les royaux, Suisses pour les deux partis.