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L’Alsace et
la Deuxième Guerre mondiale

La déclaration de guerre entraîne l’évacuation du tiers de la population alsacienne (Strasbourg et villes frontalières) dans le Sud-Ouest de la France, l’Université de Strasbourg étant repliée à Clermont-Ferrand. Les Alsaciens sont plus ou moins bien accueillis, surtout les protestants qui sont contraints à utiliser des établissements scolaires pour célébrer leurs cultes, les catholiques leur refusant l’accès à leurs églises. La plupart des responsables autonomistes sont arrêtés, et le leader séparatiste Karl Ross est exécuté.

L'annexion par le IIIe Reich

Mémorial de la Déportation, Camps du Struthof, Bas-Rhin
Mémorial de la Déportation, Camps du Struthof, Bas-Rhin © Collection privée

Après l’armistice – qui ne fait aucune référence à l’Alsace – l’Alsace est annexée au Reich, et le gauleiter, R. Wagner, chef de l’administration civile, dépendant directement de Hitler, se révèle particulièrement violent et répand la terreur. L’organisation administrative se calque sur celle de l’Allemagne, et les anciens fonctionnaires français, après une période de « rééducation » sont obligés « de participer activement et totalement à l’idée du Führerprinzip ». Le parti nazi est officialisé en 1941, et sous la menace environ un tiers de la population appartiendra à une des formations du parti. Tous les symboles de la France (langue, livres, noms, prénoms, inscriptions funéraires, affiches) sont supprimés, et l’enlèvement des statues de Kléber et Rapp des places de Strasbourg et Colmar soulève l’indignation. Environ 50 000 alsaciens seront expulsés.

La situation des Églises

Le pasteur Carl Maurer est nommé président de l’Église de la Confession d’Augsbourg : ancien autonomiste interné, il est un germanophile convaincu, mais anti-nazi. Son attitude sera plus qu’ambiguë, peut-être pour défendre l’Église luthérienne. Les réunions mensuelles de pasteurs ont été des lieux où des consignes orientées vers la résistance ont pu être données.

Le parti nazi étend sa politique anti-chrétienne, supprime le régime concordataire de 1801, et l’administration n’assure plus le salaire des prêtres et des pasteurs. Les Églises deviennent des sociétés religieuses de droit privé, et doivent payer des impôts, contrainte heureusement compensée par l’importance des cotisations versées par les fidèles. Les écoles privées sont supprimées. Malgré ces agressions, on note une forte affluence aux cultes, l’Évangile étant perçu comme un message de libération.

Les catholiques manifestent une attitude unanime de refus total. Une partie des vieux autonomistes-séparatistes, à prédominance rurale et luthérienne, qui ont le sentiment d’avoir été une fois encore lâchés par la France, sont d’abord plutôt favorables au retour des Allemands, mais, à l’exception d’ une minorité de collaborateurs, la communauté protestante bascule dès janvier 1941 dans l’opposition.

Incorporation, terreur et résistance

A partir de 1942, l’incorporation forcée dans la Wehrmacht, avec l’envoi d’Alsaciens sur le front russe (les « Malgré nous ») entraîne de nombreuses désertions et évasions. A partir du 6 juin 1944, certains sont envoyés combattre les troupes alliées en Normandie. On estime que sur les 130 000 alsaciens incorporés, 32 000 sont tués, 10 500 portés disparus, 32 000 sont blessés.

La terreur s’abat sur l’Alsace. Le sinistre camp de Schirmeck est synonyme de torture, et le camp de concentration de Struthof s’aligne sur les autres camps de la mort.

La résistance s’organise, d’abord passive, puis facilitant les évasions, enfin armée. On estime au total à 50 000 les pertes de vies humaines dans la population alsacienne, soit en proportion, le triple des pertes survenues dans la France de « l’intérieur ».

« L’Alsace a été la région française la plus martyrisée. Soumise à une terreur permanente et au pillage économique, elle a servi de chair à canon pour une cause étrangère ». (B. Vogler)

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