Des pratiques communautaires avant les Églises
Les idées de Luther parviennent dès 1520 à Paris et dans d’autres villes de France. Depuis leur condamnation, elles circulent clandestinement. Elles sont imprimées en France et surtout hors de France. À partir de 1524, elles sont traduites en français.
Vers 1530 apparaissent des pratiques communautaires : réunions discrètes chez l’un ou chez l’autre pour partager la lecture du Nouveau Testament et prier. Mais pour éviter des ennuis, il fallait bien aller à l’Église à l’occasion pour se confesser et pour communier au moins une fois par an, pour se marier, pour faire baptiser ses enfants et enterrer ses parents.
Calvin a voulu mettre fin à cette double pratique car bien des gens n’osaient se déclarer ouvertement protestants. Calvin les appelle « nicodémistes ». Il les somme de choisir entre la Réforme et le catholicisme.
Des colporteurs s’approvisionnent en livres à Genève pour les revendre en France. Ils les expliquent. Certains célèbrent même de petits cultes.
La première Église régulièrement constituée dans le royaume de France est celle de Meaux, établie vers 1546 sur le modèle de celle de Calvin à Strasbourg. L’Église de Meaux subit une persécution en 1546 : 14 protestants dont le pasteur sont brûlés vifs.
À partir de 1555, d’autres Églises sont établies à Paris, Angers, Valence sur le modèle de Genève en suivant les recommandations de Calvin qui établissent des conditions strictes pour les sacrements évangéliques : le baptême et la cène. Les protestants s’assemblent pour élire un conseil d’anciens appelé consistoire. Le consistoire nomme le pasteur, surveille les membres de l’Église et s’occupe des pauvres. Le pasteur prêche et administre les sacrements.
Vers 1560, il existe un millier d’Églises réformées pourvues chacune d’un conseil d’anciens mais pas toujours d’un pasteur à demeure. Elles sont inégalement réparties sur le territoire. La plupart sont situées dans l’espace occitan mais aussi dans le sud du Poitou, les pays de la Loire, La Normandie.