De nombreux artistes sont d’origine protestante : à la fin du XIXème siècle, un ouvrage, Protestantisme et Beaux-Arts, en recense plus de cent cinquante ayant atteint la célébrité. Une des raisons est que Paris, capitale des arts pendant plusieurs siècles, attire les artistes de toute l’Europe et beaucoup s’y établissent ; ceux provenant d’Europe du Nord (Pays-Bas, Allemagne, pays nordiques) sont en majorité protestants. Une autre raison est que nombre d’entre eux ont plusieurs spécialités : c’est le cas de Carle van Loo (1705-1765), peintre et fresquiste et Ary Scheffer (1795-1858), peintre et sculpteur ; mais ces raisons ne suffisent pas à expliquer l’importance de cette communauté. Parmi ces artistes, les peintres sont les plus nombreux.
Dans ce domaine, on peut retenir la dynastie des Moillon, dont les plus célèbres sont Isaac (1614-1673), auteur de peintures religieuses, répondant à des commandes catholiques, et sa sœur Louise (1610-1696) avec ses célèbres natures mortes. Des études récentes tendent à voir une influence protestante dans les tableaux des frères Le Nain (nés au début du XVIIème siècle), notamment dans leurs scènes paysannes, mais s’il est vrai que l’influence hollandaise, due à leur formation, est prédominante, il paraît très invraisemblable que ces premiers élus de l’Académie Royale de peinture, qui vivent des commandes de la cour et de l’Église, aient pu se permettre la moindre inclinaison dans ce sens. On peut citer également Sébastien Bourdon (1616-1671), un des fondateurs de l’Académie, qui excelle dans tous les genres et connaît une grande renommée. On peut retenir au XVIIIème siècle Nicolas Lavreince (1737-1807), suédois d’origine, et les van Loo, dynastie de neuf peintres d’origine néerlandaise, dont le plus célèbre est Carle (1705-1765).
Au XIXème siècle, Ary Scheffer (1795-1858), hollandais d’origine, dont les tableaux religieux sont de facture plutôt ordinaire, Vincent van Gogh (1853-1890) qui veut être pasteur, mais échoue aux examens, Johan Barthold Jongkind (1819-1891), d’origine néerlandaise, considéré comme un des précurseurs de l’impressionnisme, Félix Vallotton (1865-1925), d’origine suisse, et Frédéric Bazille (1841-1870) ; seul ce dernier montre un lien indirect avec sa religion quand il peint la société protestante montpelliéraine dont il est issu.
À signaler enfin les peintres plus classiques, Henri Zuber (1844-1909), qui connaît du succès de son vivant pour ses paysages, Samuel Bastide (1879-1962), François Ehrmann (1833-1910), connu surtout pour les fresques qu’il réalise dans de nombreux bâtiments publics, et enfin François Auguste Ortmans (1826-1884), paysagiste de l’école de Barbizon.
Les principaux peintres ayant produit surtout des tableaux inspirés de la religion ou de l’histoire des protestants sont, outre Sébastien Bourdon déjà cité, Jeanne Lombard (1865-1945), Pierre-Antoine Labouchère (1807-1873), Max Leenhardt (1853-1941), auteur du célèbre tableau des prisonnières huguenotes à la Tour de Constance, ou le Suisse Eugène Burnand (1850-1921), se rattachant plutôt à l’esthétique militante.
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Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553)
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Bernard Palissy (1510-1590)
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Nicolas Moillon (1555-1619)
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Louise Moillon (1610-1696)
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Louis Du Guernier (1614-1659)
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Isaac Moillon (1614-1673)
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Louis Testelin (1615-1655)
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Samuel Bernard (1615-1687)
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Sébastien Bourdon (1616-1671)
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Peintres protestants
du XVIIe siècle -
Ary Scheffer (1795-1858)
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Pierre-Antoine Labouchère (1807-1873)
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Frédéric Bazille (1841-1870)
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Henri Zuber (1844-1909)
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Max Leenhardt (1853-1941)
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Félix-Édouard Vallotton (1865-1925)
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Jeanne Lombard (1865-1945)
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Samuel Bastide (1879-1962)